Connue sous le nom de « Napalm Girl », la photo prise en 1972 montre une fillette vietnamienne courant nue sur une route, le corps en flammes après une attaque aérienne. Symbole des ravages de la guerre du Vietnam, ce cliché (officiellement intitulé The Terror of War) est aujourd’hui au cœur d’une controverse sur l’identité de son véritable auteur.
Une icône du photojournalisme remise en question
Longtemps saluée comme l’une des images les plus marquantes du XXe siècle, cette scène de guerre capturée par un photographe en pleine action est désormais source de doutes. En mai 2025, World Press Photo (référence mondiale en matière de photojournalisme) a suspendu l’attribution de la photo à Nick Ut, reporter de l’agence Associated Press.
Récompensée par un prix Pulitzer en 1973, cette photographie, devenue un symbole universel de la violence des conflits, voit aujourd’hui son origine contestée, plus de cinquante ans après sa diffusion.
Pourquoi cette remise en question ?
Tout part du documentaire The Stringer, présenté au festival de Sundance en janvier 2025. Ce film d’enquête explore les coulisses de cette journée de juin 1972. À travers des analyses techniques et des témoignages de l’époque, il suggère que la célèbre photo pourrait avoir été prise par un autre photographe vietnamien, notamment Nguyễn Thành Nghệ (NBC) ou Huỳnh Công Phúc.
Face à ces révélations, World Press Photo a mené une enquête indépendante. Lors d’une conférence de presse tenue à Amsterdam le 17 mai 2025, l’organisation a officiellement suspendu l’attribution à Nick Ut, estimant que les preuves disponibles ne permettaient plus d’en garantir la paternité.
Une photo toujours aussi puissante… malgré l’incertitude
Malgré cette décision, « La terreur de la guerre » demeure l’un des témoignages visuels les plus puissants de l’histoire contemporaine. Elle incarne la souffrance des civils en temps de guerre, indépendamment de l’identité exacte de son auteur. Le prix Pulitzer accordé à l’époque n’est pas remis en cause, mais une note sera désormais associée à l’image :
« Attribution suspendue. Auteur non confirmé. »
La position de l’Associated Press et de Kim Phuc
Malgré la décision de World Press Photo, l’Associated Press maintient sa version officielle : Nick Ut est bien l’auteur du cliché. Deux enquêtes internes ont été menées, concluant à l’absence de preuve suffisante pour modifier l’attribution.
Quant à Phan Thi Kim Phuc, devenue ambassadrice de la paix et citoyenne canadienne, elle n’a pas encore réagi publiquement. Dans le passé, elle a toujours témoigné de sa reconnaissance envers Nick Ut, qui l’avait aidée à recevoir des soins médicaux après l’événement.
Un enjeu crucial pour l’authenticité dans le photojournalisme
Au-delà de l’émotion suscitée, cette affaire soulève des questions de fond sur l’intégrité documentaire à l’ère numérique :
- Comment garantir la traçabilité d’un cliché historique ?
- Quels outils permettent de certifier la paternité d’une œuvre visuelle ?
- Comment fiabiliser l’archivage à long terme face à l’incertitude ou la manipulation ?
Chez Certiphy.io, nous défendons une vision claire : la certification d’origine et d’auteur doit devenir un standard, que ce soit pour des photographies, vidéos ou documents numériques. L’affaire Napalm Girl montre combien l’histoire peut être vulnérable sans preuve d’authenticité.
Conclusion
Cette controverse rappelle que dans le monde de l’information, la vérification de l’origine et de la paternité est aussi cruciale que le message lui-même. La blockchain, l’horodatage et les technologies de certification sont désormais des outils clés pour renforcer la fiabilité des contenus visuels — et protéger notre mémoire collective.